Touristique Express revoit ses tarifs à la hausse... Avec raison

Du haut de ses 8000FCFA aller simple (15000FCFA aller-retour), le 777 de Touristique Express était déjà le service le plus couteux du segment première classe du marché des transports sur la ligne Douala-Yaoundé ; le deuxième se tenant à 6000FCFA l’aller simple soit 25% plus loin derrière. Maintenant que c’est passé à 10000FCFA (18000FCFA aller-retour) c’est presque normal que ça fasse jaser. Quoique, mon œil avisé pense comprendre et même pouvoir défendre ce qui ressemble à un outrage à nos mœurs de pauvres (LOL) : parlons un peu des évènements récents, de la (vraie) première classe* et de la loi de Pareto* voulez-vous ?

21 octobre 2016, le sort (?) frappe durement le Cameroun en faisant dérailler le train voyageur Intercity 152 qui comprenait jusqu’à cette date le plus haut standing de première classe desservant la ligne Douala-Yaoundé. J’en veux pour preuve le calibre des voyageurs qu’on pouvait rencontrer lors de nos voyages à bord de l’Intercity et le prix (9000FCFA aller simple) qui était le plus élevé à l’époque et ça ne semblait choquer personne. Depuis ce jour, l’Intercity n’étant plus disponible, la crème de la crème des voyageurs VIP ne pouvaient que se tourner vers le service qui offrait le confort et la fiabilité les plus proches de ce à quoi ils étaient habitués : le 777 de touristique express sur la voie terrestre.

Or, cette ruée des voyageurs pose quelques problèmes au leader de ce segment : longs rangs, périodes d’attende plus contraignantes, le calme et l’ambiance ne sont plus feutrés du tout, personnel à bord moins attentif, service à bord médiocre (vu qu’il y a plus de personnes aux caprices aiguisés à satisfaire) etc… bref, les prestations spéciales qui font l’essence même de la classe affaire étaient affectées. Un service select est devenu populaire voire populeux. Parmi les moyens palliatifs disponibles, l’entreprise aurait pu augmenter la flotte de bus (investissement conséquent ce qui augmente la période du ROI), augmenter le nombre de voyages (plus d’heures de travail pour les hôtesses et chauffeurs sans compter l’usage des bus) ou diminuer le nombre de clients sans affecter la rentabilité de l’entreprise. La dernière option impose qu’il faille éliminer les clients qui ne peuvent pas se permettre un certain confort en privilégiant ceux qui ont le pouvoir financier : il est plus facile de satisfaire 5 riches que 25 personnes de tout bord… on arrive donc à la loi de Pareto.

Plus connue sous l’appellation de 80/20, la loi de Pareto* veut que 80% des rentrées, revenus proviennent de 20% des ressources, clients (NB : c’est une définition grossière). Sachant qu’en augmentant le prix ils perdraient certains clients (il faut calculer l’élasticité* au préalable) la perte des clients seraient compensée par  l’augmentation que les vrais concernés par la classe affaire seront prêts à débourser. Est-ce éthique ? Je ne sais pas (que la Ligue des Consommateurs se calme car il ne s’agit pas ici d’un produit de première nécessité). Est-ce normal ? Qui suis-je pour y répondre ? Ce que je peux dire avec un certain degré de certitude, c’est que c’est absolument stratégique et brillant comme idée d’autant plus que ça réduit l’usage des bus, le stress du personnel, les déboires de la cible select tout en maintenant tout ce qu’il y a de plus soft et sophistiqué auprès des voyageurs … honnêtement, il fallait y penser.

#CestGervais